LA BIOMASSE COMME ALTERNATIVE AU PÉTROLE
BLOOM BIORENEWABLES | 31.08.2020

La start-up Bloom Biorenewables, née dans le canton de Vaud, active dans le domaine de la chimie, s’installe désormais dans le canton, au Marly Innovation Center. En collaboration avec la Haute Ecole d’ingénierie et d’architecture de Fribourg (EIA-FR), la petite entreprise a mis au point un processus industriel pour valoriser le bois et les déchets agricoles afin de produire des molécules qui remplacent les dérivés du pétrole. Ici Chloé Wegmann, de Bloom Biorenewables. Photo Lib/Alain Wicht, Fribourg, le 16.06.2020 Lib. 18.06.2020, p.9 FN / 08.07.2020, S.5

Fibres synthétiques, matières plastiques, cosmétiques ou additifs alimentaires : les produits dérivés du si décrié pétrole sont omniprésents dans notre quotidien. Malgré une demande mondiale de plus en plus forte, l’industrie chimique a toujours échoué à proposer une alternative durable… jusqu’à aujourd’hui. Car la start-up Bloom Biorenewables, par un procédé désormais breveté, est parvenue à séparer les trois éléments constitutifs de la biomasse (bois et déchets agricoles). Composant le plus abondant après la cellulose, la lignine ainsi extraite sous sa forme native est alors utilisée pour produire des molécules remplaçant avantageusement les polymères artificiels. Une petite révolution.

«Les applications possibles sont nombreuses, mais nous visons pour l’instant des marchés à petits volumes et haute valeur ajoutée. Dans le secteur des arômes, par exemple, seul 1% de la vanilline produite au niveau mondial provient de la plante. Le reste est obtenu par diverses synthèses chimiques, principalement à partir du gaïacol, un dérivé du pétrole. Notre solution verte et visionnaire intéresse déjà de grands groupes alimentaires», explique Remy Buser, directeur et cofondateur de la jeune entreprise.

Les planètes s’alignent

Issue d’un groupe de travail de l’EPFL, Bloom Biorenewables est un pur produit du transfert technologique. Désormais installée sur le site du Marly Innovation Center (MIC), la start-up collabore étroitement avec les milieux académiques fribourgeois dans le cadre d’un projet Innosuisse doté de 800’000 francs suisses sur deux ans. «Les équipements et compétences de l’institut ChemTech de la Haute école d’ingénierie et architecture de Fribourg (HEIA-FR) vont nous permettre, d’ici à 2021, de clôturer notre phase de proof-of-concept et de valider notre recette chimique de manière définitive. Il s’agit d’un apport inestimable, qui nous évite de gros investissements durant cette première phase de développement», apprécie le responsable.

En deux ans, la start-up a obtenu plusieurs prix prestigieux – octroyés notamment par les fondations W. A. de Vigier et Venture Kick – et levé 2,5 millions de francs suisses. Remy Buser s’en réjouit: «Les planètes s’alignent et nous ambitionnons désormais d’ouvrir notre propre usine pilote à l’horizon 2023. Elle serait capable de traiter 10’000 tonnes de biomasse par an. Avec ses installations techniques, ses terrains constructibles et son environnement innovant, le site du MIC nous semble particulièrement attractif.»