« JETONS-NOUS À L’EAU!»
02.11.2020

Les débats étaient assurés (de g. à d.) par Pierre Jenny (modérateur), Jean-Nicolas Aebischer, Joël Mesot, Katharina Fromm, Jerry Krattiger, Alain Berset et Marcel Dubey.

«C’est toujours la conjugaison des talents qui permet l’exploit.» En écho à la présentation du navigateur Mathieu Gobet, premier Fribourgeois à participer à la Mini-Transat, Olivier Curty n’a pas manqué de faire le lien avec la notion de transfert technologique. Car cette thématique était au cœur de la table ronde organisée par la Promotion économique du canton de Fribourg (PromFR), en date du 31 août 2020, dans les locaux de la Haute école d’ingénierie et d’architecture de Fribourg (HEIA-FR). «La prise de risque et l’audace sont le point de départ de chaque aventure, qu’elle soit maritime, humaine ou encore économique. C’est vraiment le moment de se lancer», a ajouté le ministre en charge de l’économie et de l’emploi.

Créer des ponts

Lors des débats qui ont suivi, les participants ont plaidé avec conviction la cause du transfert technologique. Alain Berset et Marcel Dubey, représentants de l’industrie et CEO respectifs de Polytype SA et de CPAutomation SA, ont notamment pris pour exemple la toute nouvelle Motion Control Academy. Créée en collaboration avec la HEIA-FR et Boschung SA (troisième entreprise partenaire), cette formation complémentaire et interdisciplinaire propose aux étudiants des filières traditionnelles d’enrichir leurs compétences en robotique et mécatronique. «En plus d’aider CPAutomation à créer les produits de demain, ce projet nous a permis de créer des ponts avec l’HEIA-FR dans de nombreux domaines différents», s’est réjoui Marcel Dubey.

Changement de culture

Président de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ), Joël Mesot a pour sa part insisté sur le changement de culture qui s’opère actuellement dans notre pays. De plus en plus d’étudiants veulent développer leur start-up. Bien encadrés et soutenus très tôt, les projets sont désormais nombreux à aboutir. «C’est réjouissant, car ces start-ups représentent en partie le futur de notre économie.» Tout en louant le système de formation suisse, le responsable s’est aussi félicité de l’intérêt grandissant des investisseurs pour les start-ups suisses. «Nous rattrapons notre retard sur des pays de taille similaire comme Israël, souvent pris en modèle.» Joël Mesot s’est encore prononcé en faveur de la création d’un fonds national de financement, afin d’éviter la délocalisation des jeunes entreprises.

Fribourg en situation idéale

Katharina Fromm, vice-rectrice de l’Université de Fribourg en charge de la recherche et de l’innovation, et Jean-Nicolas Aebischer, directeur de la HEIA-FR, se sont promis d’intensifier les collaborations avec l’industrie, bien sûr, mais aussi entre les établissements de formation supérieure. Au niveau suisse, après tout, il n’y a sans doute qu’à Fribourg qu’on trouve – « across the street » – une telle concentration académique : la HEIA-FR, la Faculté des sciences et de médecine, la Faculté des sciences économiques et sociales et du management, la Haute école de gestion ainsi que l’antenne fribourgeoise de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). Une situation idéale!

Un rôle de catalyseur

Lors de plusieurs interventions, Jerry Krattiger, directeur de la PromFR, a quant à lui rappelé le rôle de facilitateur et de catalyseur que doit jouer son service, à travers les conditions-cadres mises en place. «Les clusters permettent par exemple de dynamiser des écosystèmes entiers. Il y a volonté claire de l’Etat de soutenir les secteurs clés de l’économie fribourgeoise.» Cette volonté se traduit également par des investissements massifs dans des infrastructures d’innovation. «Le canton veut tirer son épingle du jeu. En termes de transfert technologique, nous avons des atouts à faire valoir et sommes en train de les concentrer. Alors allons-y, jetons-nous à l’eau!»