Samy Rima devant le simulateur de vol, intégré à la future plateforme technologique Mindcraft de l’Université de Fribourg.
Samy Rima devant le simulateur de vol, intégré à la future plateforme technologique Mindcraft de l’Université de Fribourg.
« Les technologies liées aux neurosciences génèrent aujourd’hui une telle quantité de données qu’il devient impossible de les traiter avec des approches classiques. Il fallait créer une formation qui réunit le meilleur des deux mondes : la compréhension du cerveau et la maîtrise des outils informatiques », explique le Dr Samy Rima, coordinateur du master en neurosciences digitales à l’Université de Fribourg. Ce programme unique en Suisse, lancé en 2021, associe neurosciences, psychologie, intelligence artificielle et interaction homme-machine. L’objectif : former une nouvelle génération de spécialistes capables de décrypter les mécanismes cérébraux à toutes les échelles – du neurone à la société – en s’appuyant sur les outils du numérique.
Cette approche interdisciplinaire se concrétise dans les cours mais aussi dans les projets de recherche et d’innovation. Dès leur deuxième année, les étudiants sont invités à imaginer, prototyper et tester leurs idées. Pour cela, l’Université mettra bientôt à leur disposition une plateforme technologique baptisée Mindcraft, un espace commun regroupant simulateurs, dispositifs de mesure neurophysiologique et outils logiciels de pointe. « Les étudiants ont besoin d’un terrain de jeu. Un endroit où ils peuvent expérimenter, créer, se tromper, recommencer. C’est aussi là que naissent les bonnes idées », souligne Samy Rima.
Un tremplin vers l’innovation appliquée
Le programme encourage également les synergies avec le monde professionnel. Plusieurs collaborations sont déjà en cours, notamment avec La Poste, une entreprise de MedTech ou des développeurs de solutions en réalité virtuelle. Les travaux de master sont conçus comme des projets d’innovation : certains étudiants s’orientent vers la recherche, d’autres vers le développement d’algorithmes ou l’analyse comportementale. « Nous leur disons clairement que leur mémoire ne doit pas être un exercice académique, mais un point de départ. Un outil pour résoudre un problème réel, rencontrer des partenaires, voire créer un emploi », affirme le coordinateur.
Avec des étudiants venus de Suisse, d’Inde, de France ou du Royaume-Uni, le master en neurosciences digitales attire déjà l’attention bien au-delà des frontières du pays. Samy Rima en est convaincu : Fribourg dispose d’un véritable atout stratégique en matière d’interdisciplinarité. « Notre force, c’est de proposer un programme qui parle à la fois aux scientifiques, aux ingénieurs et aux entrepreneurs. Il ne manque plus que les entreprises locales s’emparent de cette dynamique pour la transformer en valeur concrète pour le territoire. »