TRANSFERT TECHNOLOGIQUE : L’EXPÉRIENCE DE JOËL MESOT
14.01.2021

Entretien avec Joël Mesot, président de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ).

Allier innovation et création d’entreprise est un pari un peu fou…

La création d’une entreprise nécessite une certaine mentalité. Il faut se battre pour ses idées, éventuellement sortir des salaires, développer la technologie et convaincre des acheteurs potentiels. Donc oui, il existe une dose de risque et nous avons besoin de personnalités prêtes à prendre ces risques.

Les étudiants en recherche fondamentale y sont-ils disposés ?

Cet esprit aventurier existe aussi dans la recherche, qui consiste à faire ce qui n’a jamais été fait. D’ailleurs, de nombreux chercheurs sont amateurs de sports extrêmes. A nous ensuite de former nos étudiants aux constructions financières nécessaires à la création d’une start-up. A l’EPFZ, nous avons mis ce genre d’outils à leur disposition.

Quels sont les défis pour les années à venir ?

Au-delà du travail de motivation, il y a tout un aspect lié au financement des start-ups. Si les premières étapes de financement ne posent pas de problème, il est encore difficile de passer la marche supérieure, à savoir les financements de l’ordre de 50 millions de francs ou plus. De telles sommes viennent souvent de l’étranger, avec le risque de délocaliser ces entreprises et ces investissements faits depuis des années en Suisse. Je suis d’avis que cette question doit être réglée au niveau national avec la création d’un fonds permettant de débloquer les investissements nécessaires.

Quels sont les atouts de la Suisse ?

En Suisse, les investissements dans les start-ups sont en forte progression. En 2019, ils se sont montés à près de deux milliards de francs suisse. Mais la Suisse peut aussi compter sur son excellent système de formation, tant au niveau des Universités et des EPF que de l’apprentissage, qui est un véritable joyau.

En tant que Fribourgeois, pensez-vous que votre canton d’origine dispose d’avantages particuliers dans le domaine du transfert technologique ?

Le canton de Fribourg a beaucoup d’atouts. Au-delà de ses excellents établissements de formation, concentrés dans un périmètre restreint, les autorités ont lancé des politiques très innovatrices ces dernières années afin de positionner Fribourg dans certains segments très forts comme l’agroalimentaire ou la construction. La position du canton entre d’autres pôles est aussi une chance pour attirer des entreprises de l’extérieur.