Photo : Le réseau de chauffage à distance de GESA fonctionne à 95% au bois, une ressource locale et renouvelable.

Substituer en grande partie les agents fossiles comme le gaz ou le mazout par une énergie locale et renouvelable: tel est l’avantage majeur du chauffage à distance, qui centralise la production de chaleur et rend superflues les installations – chaudière, citerne, brûleur et cheminée – qui équipent les bâtiments.

Chez GESA (Gruyère Energie SA), qui exploite dans l’agglomération de Bulle – deuxième ville du canton – le plus grand réseau de chaleur fribourgeois, six centrales de chauffe alimentent 900 bâtiments au moyen de 150 kilomètres de conduites souterraines interconnectées. « Cela représente 110 GWh de chaleur distribués par année, un chiffre en croissance soutenue qui devrait doubler d’ici à 2030 », se réjouit Dominique Progin, directeur Energies & Infrastructures de l’entreprise. « Notre collaboration avec la scierie Despond et les corporations forestières de la région, qui nous approvisionnent en sous-produits – écorces, plaquettes et plaquettes forestières – de la transformation du bois, nous permet de fournir une énergie à 95% renouvelable pour un prix très compétitif. Au-delà de l’aspect environnemental évident, cette économie purement locale et circulaire représente un modèle très robuste et insensible aux fluctuations parfois importantes du marché du pétrole. »

Le renouvelable avant tout

Dans la capitale cantonale, l’entreprise Groupe E n’est pas en reste et développe également son réseau de chauffage à distance de manière active. « Si nous valorisons principalement les rejets de chaleur de l’usine d’incinération Saidef, nous visons à recourir à tous les vecteurs énergétiques locaux d’origine renouvelable, comme le bois, la géothermie profonde ou les rejets thermiques industriels », explique Pascal Abbet, directeur chez Groupe E Celsius. Et l’ambition est grande : couvrir avec une énergie à 75% renouvelable – au moins ! – les 60% des besoins en chaleur de l’agglomération du grand Fribourg. « A l’horizon 2040, ce projet de grande envergure devrait nous permettre de distribuer près de 600 GWh de chaleur annuelle », précise le responsable. De quoi répondre sereinement aux objectifs élevés fixés par les accords de Paris et la stratégie énergétique 2050 de la Confédération suisse.